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Snowflake, la nouvelle licorne californienne fondée par deux Français

Ce spécialiste du traitement des données dans le cloud voit sa valorisation grimper à 1,5 milliard de dollars après une levée de fonds de 263 millions de dollars.

Thierry Cruanes et Benoît Dageville, cofondateurs de Snowflake.
Thierry Cruanes et Benoît Dageville, cofondateurs de Snowflake. (Snowflake)
Publié le 26 janv. 2018 à 06:18Mis à jour le 26 janv. 2018 à 06:38

Snowflake, une start-up fondée par deux Français dans la Silicon Valley, a désormais atteint le statut convoité de licorne, le surnom donné aux jeunes pousses dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. L'entreprise a annoncé jeudi 25 janvier une nouvelle levée de fonds de 263 millions de dollars, faisant grimper sa valorisation à 1,5 milliard de dollars. Le tour de table a été mené par ICONIQ Capital et Altimeter Capital, deux fonds ayant déjà investi dans la société, ainsi que Sequoia Capital, qui met au pot pour la première fois. 

Depuis ses débuts il y a cinq ans, la start-up a levé un total de 473 millions de dollars. Les investisseurs sont convaincus par son entrepôt de données conçu pour le cloud. Sa solution centralise des données éparpillées, les stocke sur les serveurs d'Amazon et les traite pour permettre aux équipes d'obtenir les informations nécessaires pour prendre des décisions rapidement. « Nous arrivons en amont des solutions de 'business intelligence' permettant de visualiser les données, avec lesquelles nous sommes connectés: quand un salarié lance une requête, celle-ci puise la donnée chez nous », explique Thibaut Ceyrolle, le vice-président en charge des ventes en Europe. « Un salarié peut ainsi trouver en une seconde l'évolution du chiffre d'affaires de plusieurs produits sur plusieurs années », explique Benoît Dageville, le fondateur et directeur technique de l'entreprise. 

Deux doctorants de Paris VI

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Ce doctorant en informatique ayant fait sa thèse à Paris VI au début des années 1990 a créé l'entreprise avec Thierry Cruanes, qui a un PhD de la même université. Les deux Français se sont rencontrés au siège d'Oracle, à Redwood City, où ils ont travaillé ensemble pendant une dizaine d'années sur les bases de données. Frustrés par la réaction de l'éditeur de logiciels face à l'arrivée du cloud, ils décident en 2012 de créer leur propre entreprise.  « Les acteurs traditionnels ont pensé qu'ils suffisaient de migrer leurs 'data warehouses' dans le cloud, mais ça ne marche pas bien. Nous, nous avons tout réinventé de zéro en réécrivant le logiciel », explique Benoît Dageville. 

Snowflake permet de lever les « limitations » des solutions traditionnelles, comme celle de Teradata ou Oracle, en termes de volume de données et de « nombre de personnes pouvant simultanément travailler dessus », revendique Bob Muglia, un ancien dirigeant de Microsoft devenu PDG de la société en 2014. Des améliorations liées à une architecture plus flexible. « Celle des bases de données traditionnelles repose sur la construction d'un cluster de machines avec un nombre décidé à l'avance, qui oblige les grands comptes à choisir celui correspondant à leurs pics d'activité maximale. Même si l'entreprise n'a besoin de 32 serveurs que le vendredi, elle doit souscrire à une offre qui les met à disposition tout le temps. C'est un coût énorme et une solution qui n'est pas flexible », estime Benoît Dageville. Snowflake a lui mis en place une facturation à la seconde, qui « permet de baisser les coûts de manière significative et de répondre à des gros besoins sur des périodes très courtes : nous pouvons mobiliser une dizaine de milliers de serveurs pour quelques minutes », renchérit-il. 

Ouverture d'un bureau à Paris 

Leur solution, qui a commencé à être commercialisée mi-2015, a d'abord séduit les start-up du monde des médias, des jeux vidéo et des logiciels stockant déjà leurs données dans le cloud. Mais depuis un an, elle convainc des grosses entreprises basculant vers l'informatique décentralisée, comme la banque Capital One et la société d'étude Nielsen. 

La jeune pousse veut désormais étendre sa présence en Europe, avant de viser l'Asie en 2019. Après l'ouverture d'un bureau d'une trentaine de salariés à Londres il y a dix mois, la société a embauché une dizaine de personnes à Paris cet automne, et crée des antennes à Munich, Amsterdam et Stockholm

La société doit cependant faire face à la concurrence des géants du secteur - Amazon avec Redshift, Google avec BigQuery, et Microsoft avec Azure SQL Data Warehouse. Elle espère y arriver en renforcant ses effectifs en R&D, qui représente déjà presque le tiers de ses 300 salariés. 

Correspondante à San Francisco

Anaïs Moutot   

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